Karine Edouard est l’entraîneur mental de trois des quatre géantiste français en piste aujourd’hui. Elle essaie de les aider à mieux maîtriser leur corps.
DISCRÈTE dans l’aire d’arrivée, Karine Edouard scrute l’écran qui retransmet les courses en zone presse. En voyant l’attitude d’Alexis Pinturault ou de Mathieu Faivre sur la piste du Roc de fer, à Méribel, elle sait ce qu’ils ont en tête. Elle est leur “entraîneure mental”, ainsi que celle de Thomas Fanara, Adeline Baud, Adrien Théaux ou Cyprien Richard. C’est d’ailleurs avec ce dernier, vice-champion du monde de géant en 2011, qu’elle a commencé à travailler il y a plus de dix ans. “L’entraînement mental permet de mieux se servir de son corps et de son esprit“, pose-t-elle en préambule Sa méthode : entraîner le cerveau pour que les mouvements ne soient plus parasités par des émotions ou des pensées négatives qui empêchent la mise en place de la tech- nique. “Dans l’endroit du cerveau où sont traitées les émotions primaires passe le tonus musculaire, explique-t-elle, schéma à l’appui. Si tu es en défense et que tu as vraiment peur, tu es tétanisé et ton muscle se contracte. L’intentionnalité de ta pensée change la posture. En ski, la posture est primordiale. Ceux qui gagnent ont une belle posture. Ceux qui sont en perte de vitesse, qui ont des peurs inconscientes, vont être à cul. Les athlètes qui sont dans l’instant, ça roule pour eux, et en bas d’une piste, ils ne peuvent même pas te dire ce qu’il s’est passé.” Pinturault, médaillé de bronze olympique et mondial en géant, explique qu’il cherche à “couper ses pensées” en course. Baud, elle, veut laisser parler son “instinct animal”. Titulaire d’un brevet d’éducateur sportif 2e degré en boxe anglaise, psychothérapeute, sophrologue, la brune cinquantenaire a voyagé et échange en permanence avec les médecins pour comprendre le fonctionnement du corps humain. “Le cerveau est divisé en plusieurs parties, celle reptilienne, siège de l’instinct, et celle limbiques, siège des émotions, poursuit-elle. La partie animale du cerveau, c’est le cheval et le reste le cavalier. Le cheval, quoi qu’il arrive sait s’en sortir. Le cavalier va beaucoup réfléchir et ne pas toujours trouver la bonne solution.” Ses méthodes doivent aider les skieurs à devenir de meilleurs cavaliers.
“JE N’AI RIEN D’UN GOUROU”